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29 mai 2007

lettre pas commune

Mon nom est Anorexie, ainsi que me nomment les docteurs. Anorexie pour être plus juste, mais vous pouvez m'appeler Ana. Avec un peu de chance, nous pourrons devenir de bons partenaires. C'est pourquoi, à partir de maintenant, je vais te consacrer beaucoup de temps, et j'en espère autant de toi.

Dans le passé, tu en as tellement entendu de la part de tes professeurs, de tes parents, à ton sujet. Tu es si mature, intelligente, et il y a en toi un tel potentiel ! Puis-je te demander où cela a bien pu te mener ? Absolument nulle part ! Tu n'es pas parfaite, tu ne donnes jamais véritablement le meilleur de toi-même, et tu gâches ton temps à penser, parler avec tes amis, écrire. De tels comportements de complaisance ne seront plus permis à l'avenir.
Tes amis ne te comprennent pas ? Ils ne sont pas honnêtes. Quand tu as commencé à te sentir mal dans ta peau, peu à peu, et que tu les as questionnés... Est-ce que j'ai l'air...grosse ? Et qu'ils ont répondu... Oh non, bien sûr que non ! Tu savais déjà qu'ils te mentaient. Moi, je te dis seulement la vérité. Et tes parents ! Tu sais qu'ils t'aiment et qu'ils font attention à toi, mais c'est juste parce qu'ils sont tes parents et qu'ils ont l'obligation de le faire. Je vais te dire un petit secret maintenant : au plus profond d'eux-mêmes, ils sont déçus par toi. Toi, le fruit de leurs entrailles, avec un tel potentiel, tu es devenue grosse, fainéante et indigne.
Mais moi, je peux changer tout cela. ..

Seulement, j'en attends beaucoup de toi. Tu ne seras pas autorisée à manger beaucoup. Cela se fera en douceur : d'abord diminuer les apports en gras, apprendre la table des calories, bannir les frites, etc. Dans le même temps, il te faudra faire quelques exercices physiques très simples : un peu de course, peut-être des pompes, quelques nuits blanches aussi. Rien de très compliqué. Cela te permettra de perdre quelques kilos, de te vider l'estomac. Mais je te dirai rapidement que tout cela n'est pas suffisant.
J'attendrais donc de toi que tu réduises les calories et augmente les exercices physiques. Je te pousserai jusqu'à la limite. Tu dois bien te mettre cela dans le crâne, car tu ne pourras pas me défier.

Dès à présent, je m'infiltre en toi. Bientôt, je serai avec toi à chaque instant. Je serai là quand tu te lèveras le matin et que tu te précipiteras pour te peser sur ta balance. Ton poids deviendra d'ailleurs ton ami et ton ennemi, et tu espèreras avec frénésie le voir chaque jour un peu plus bas que la veille. Pourtant, tu regarderas le miroir avec consternation. Tu enfonceras tes doigts dans ta graisse et tu souriras quand tu toucheras les os.
Oui, je serai là quand tu calculeras et organiseras ta journée : 400 calories, 2 heures d'exercices physiques, ne plus répondre au téléphone. Je serai la seule qui puisse t'aider à le faire, parce que mes pensées ne feront plus qu'une avec les tiennes. Je te suivrai toute la journée. A l'école, au travail, je te donnerai toujours de quoi méditer. Compter et re-compter les calories pour la journée. Attention, pas trop de calories !!! Je remplirai ton esprit de nourriture, de pesages, de calories, de choses qui sont bonnes pour toi. Là, je serai véritablement en toi. Je serai ta tête, ton cœur, ton âme. Je serai ces douleurs dues à la faim que tu prétendras ne pas ressentir, au fond de toi.

Patiente, je te dirai bientôt non seulement quoi faire avec la nourriture, mais quoi faire de tout ton temps. Souris et incline-toi devant moi ! Je fais tant de choses pour toi. Toi qui ressemblais à une grosse vache pleine de graisse !!! N'aie crainte, quand les repas arriveront je te dirai aussi quoi faire. Comment repousser les plats, faire comme si tu avais déjà mangé quelque chose. Pas de compromis... si tu manges même une bouchée, tu perdras tout le contrôle. Est-ce là ce que tu veux, redevenir cette grosse vache que tu étais ?

Je te forcerai à regarder les magazines. Tous ces corps parfaits de mannequins et de sportifs, modelés à la perfection. Je te ferai comprendre que tu ne seras jamais comme eux. Tu seras toujours grosse, et jamais aussi parfaits qu'eux. Quand tu regarderas de nouveau dans le miroir, je déformerai ton image. Je te montrerai ton obésité et ta laideur. Je te montrerai un sumo là où il n'y aura plus qu'un cadavre affamé.
Mais tu ne dois pas savoir ceci, car si tu savais la vérité, tu pourrais recommencer à manger et notre relation en souffrirait.

Parfois, tu te rebelleras pourtant. Heureusement pas si souvent. Là, tu te glisseras la nuit dans la cuisine obscure. Tu ouvriras les portes sans faire de bruit. Tes yeux brilleront devant toute cette nourriture que j'avais gardé à distance de toi. Et comme dans un cauchemar, tes mains plongeront dans les paquets de gâteaux, machinalement tu te gaveras, sans apprécier le goût, juste pour te remplir. Tu prendras un paquet, puis un autre, et encore un autre. Ton estomac se gonflera et deviendra grotesque. Mais tu ne pourras plus t'arrêter. Et moi, je te crierai STOP, toi la grosse vache, tu n'as vraiment aucun contrôle de toi, tu vas redevenir grosse et nulle. Puis, quand ce sera terminé, tu reviendras vers moi, me demandant des conseils parce que tu ne veux pas redevenir grosse. Pitoyable ! Tu as violé la règle, et mangé, et tu reviens vers moi.
Alors, je te forcerai à aller dans la salle de bain, à te mettre à genou, et plonger la tête dans la cuvette des toilettes. Tu enfileras tes doigts, ou le manche d'une cuillère au fond de ta gorge, non sans douleurs, et tu vomiras ce que tu as mangé. Il te faudra recommencer plusieurs fois, jusqu'a ce que tu craches du sang, et tu sauras qu'il n'y a plus rien. Tu n'y couperas pas. Toi, la grosse vache qui ne mérite que de la souffrance. Peut-être userai-je d'autre méthode pour te faire comprendre ta culpabilité. Peut-être choisirai-je de te faire prendre des laxatifs, te poussant à rester des heures aux toilettes, avec la honte dans ton cœur. Je pourrais te faire subir tant de supplices, jusqu'à voir ton sang couler de tes bras. Qui s'en soucie ? Tu es seule maintenant.

Oh, est-ce trop dur ? Tu ne veux pas que cela t'arrive ? Suis-je injuste ? Je fais les choses qui t'aident, voyons. Je fais mon possible pour que tu arrêtes de penser à toutes ces pensées qui te stressent. Ces pensées de colère, de tristesse, de désespoir, de nullité, et de solitude, peuvent cesser, je les emporte avec moi et à la place je te remplis simplement la tête d'un méthodique calcul des calories. J'emporte au loin ton besoin de plaire aux autres, de te plaire à toi-même. Parce que maintenant, je suis ta seule amie, et je suis la seule à qui tu dois plaire.

J'ai néanmoins un point faible. Mais personne ne doit savoir. Si tu décides de te révolter, d'aller vers les autres et leur dire quelle vie je te donne, cela m'affaiblira. Personne ne doit chercher à te comprendre, personne ne doit briser la carapace dont je te recouvre. Tu es à moi, à personne d'autre. Sans moi, tu n'es rien. Alors sois docile. Fuis les autres, s'ils veulent t'aider, fuis tous ceux qui veulent nous séparer.
Oui, tu m'appartiens désormais.

Cordialement, ton amie"

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